Courrier de Michele d'Auria


  Paris le 13 février 2003



Chers amis,


Vous avez été proches de moi pendant ma longue et injuste incarcération, et pour certains d'entre vous vous avez partagé la joie de mes premiers jours de liberté Je viens aujourd'hui vous donner de mes nouvelles.
Après l'euphorie des premiers jours et les petits bonheurs de la vie quotidienne sans cesse redécouverts, je dois reprendre la lutte pour régler ma situation administrative qui est quelque peu compliquée, tant vis à vis de la Préfecture pour l'obtention de ma carte de séjour, que vis à vis de l'Ordre des Médecins pour recouvrer la possibilité d'exercer.

Des ragots et des calomnies, qui ont circulé depuis ma sortie, au sein du mouvement Emmaüs, concernant l'authenticité de mon statut de médecin m'ont sérieusement affecté et risqué de compromettre gravement ma situation administrative et professionnelle.

Grâce à l'amitié de l'Abbé Pierre et à son soutien tous les malentendus sont maintenant éclaircis et mes démarches administratives sont en cours.

Des difficultés persistent cependant avec l'Ordre National des Médecins, beaucoup de mes confrères sont intervenus auprès de celui-ci pour soutenir ma demande de réinscription. Je les en remercie très vivement.

La reprise de mon activité professionnelle médicale est liée à la résolution de mes problèmes administratifs. En attendant j'étudie toutes les possibilités qui pourraient s'offrir à moi dans l'avenir et je prends des contacts dans différents secteurs.

Cependant mon intérêt et ma mobilisation concernant l'accès aux soins des plus démunis restent plus que jamais en éveil et je suis consterné de constater les effets dévastateurs des restriction de la CMU et de. l'Aide Médicale Etat
Il faut que chacun reste attentif et actif pour ne pas laisser s'installer un renouveau d'exclusion de l'accès aux soin pour les personnes les plus fragiles.

Je vous invite à consulter les sites de Médecins du Monde et de Médecins Sans Frontières et à signer les pétitions on line


http://www.medecinsdumonde.org/

http://www.paris.msf.org/msf/agents.nsf/cmu



Je remercie mes amis du comité de soutien de leur fidélité et pour tous les témoignages de sympathie et de solidarité qu'ils continuent à me manifester.

Votre fidèle ami.

Michele d'Auria




  Paris le 13 janvier


La lettre de la Liberté

Aujourd'hui c'est un message de joie que je transmets à chacun d'entre vous, la joie de partager l'amitié et cette chose qui n'a pas de prix La LIBERTE.

Tous mes remerciements à vous tous : les membres du comité de soutien et Marie-Paule la coordinatrice, mes confrères médecins, mes collègues et compagnons de l'association Emmaüs, mes amis… qui m'avez soutenu pendant tous ces longs mois, par votre détermination, vos actions et vos lettres toujours si bienvenues.

Merci à mes avocats : maître Jean-Jacques de Félice, maître Irène Terrel et maître Frédérique Pons , pour leur compétence, leur combativité et le privilège de leur estime.

Toute ma reconnaissance s'adresse, à l'Abbé Pierre qui a bien voulu entendre la vérité de mon histoire lorsqu'elle lui a été exposée clairement et qui s'est alors battu pour moi avec toute la détermination et l'énergie dont il toujours fait preuve pour défendre les causes qui lui paraissent justes.

Merci à tous ceux qui sont intervenus pour que mon extradition soit refusée et pour que je retrouve enfin la liberté.

Je suis solidaire de mes compatriotes italiens auxquels la France a donné refuge après les "années de plomb" et qui, au travers de parcours différents du mien, y ont comme moi reconstruit leur vie.

Ces derniers mois ont été durs pour moi et mes proches et rendus encore plus pénibles par un profond sentiment d'injustice et d'impuissance.

Le cauchemar est maintenant terminé pour moi et c'est avec bonheur que je retrouve petit à petit les amis et les plaisirs de la vie.

Beaucoup de personnes qui m'ont apporté leur soutien me sont inconnues et je leur suis d'autant plus reconnaissant de leur soutien.

La prison est un univers destructeur, vous avez tous, à votre niveau, contribué à m'en faire sortir, sachez que je ne l'oublierai jamais.

Docteur Michele d'auria